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Free the Arctic 30 !
18 octobre 2013

Le directeur de Greenpeace International écrit à Vladimir Poutine

Le 10 octobre dernier, Kumi Naidoo, directeur de Greenpeace International, a écrit à Vladimir Poutine pour lui proposer de le rencontrer, et de venir vivre en Russie pendant la durée de l'affaire pour se porter garant pour l'équipage de l'Arctic Sunrise, afin d'obtenir leur libération sous caution jusqu'au procès. Il n'a pas à ce jour reçu de réponse à ce courrier.

 

Lettre de Kumi Naidoo à Vladimir Poutine
10 octobre 2013

Monsieur le Président Poutine,

Suite au refus de libération sous caution hier de nos militants et d’un photographe indépendant, et en réponse à votre offre à Salekhard de participer à des discussions sur le sort de l'Arctique, je vous sollicite pour une réunion urgente avec vous.

Je suis bien sûr prêt à vous rencontrer n'importe où dans le monde, dans un lieu de votre choix, mais je vous demande, si possible, que notre rendez-vous ait lieu, le plus vite possible selon vos possibilités, en Russie.

Contrairement aux leaders mondiaux avec lesquels vous êtes habitué à traiter, je ne viendrai pas avec le pouvoir et l'influence d'un gouvernement. Je viendrai au contraire en tant que représentant de millions de personnes à travers le monde, dont le souhait le plus cher est de voir la détention des 30 courageux et pacifiques hommes et femmes détenus à Mourmansk prendre fin.

Leur sort est un sujet de préoccupation mondiale. Par conséquent, je viens à vous avec une offre. Je suis prêt à venir vivre en Russie pour la durée de cette affaire. Je m'offre comme garant de la bonne conduite des militants de Greenpeace, s’ils devaient être libérés sous caution. Ces derniers ainsi que nous-mêmes, Greenpeace en tant qu’organisation, ne croyons pas être au-dessus des lois. Nous sommes prêts à affronter les conséquences de ce que nous avons fait, pourvu que cela respecte le Code pénal d’un pays tel que toute personne raisonnable peut le comprendre.

Il est clair selon vos propres déclarations que vous ne considérez pas les militants comme des pirates, bien que ce soit l'accusation portée à leur encontre. Vous, ainsi que des millions de personnes à travers le monde, savez qu’étant accusés de piraterie, ils sont accusés d'un crime qu’ils n’ont pas commis. En effet, vous avez par le passé affirmé avoir de l’admiration pour des groupes comme Greenpeace, et que nos protestations vous inspirent de la sympathie. Si nos amis peuvent être libérés sous caution, je m’offre comme garant du fait que les 28 militants de Greenpeace International répondront de leur protestation pacifique selon le code pénal de la Russe.

La loi, comme nous le savons tous les deux, ne qualifie pas d’infraction de piraterie des actions de manifestants pacifiques. C'est pourquoi je vous demande d’utiliser toutes les possibilités d’actions qui s’offrent à vous en tant que président de la Fédération de Russie, pour demander que les accusations excessives de piraterie contre les détenus soient abandonnées, et que toute accusation avancée soit compatible avec le droit international aussi bien qu’avec le droit russe. Je demande également, avec tout mon respect, que les deux journalistes pigistes, qui ne sont pas membres de Greenpeace, soient immédiatement libérés.

Un jour après l'arrestation des militants, les Nations Unies ont publié leur dernier avertissement sur la menace posée pour nous tous, pour votre nation comme pour la mienne et pour le monde entier, par les changements climatiques. Les conclusions du rapport, rédigé par les plus brillants scientifiques, impliquent que nous ne pouvons point nous permettre de rechercher et de brûler de nouvelles sources de combustibles fossiles. C'est pourquoi les militants ont ressenti le devoir de se lever pour cette cause comme ils l’ont fait, de manière pacifique et respectueuse de votre nation.

Mon histoire personnelle en tant que jeune activiste dans le mouvement anti-apartheid m'a appris que le dialogue est primordial et qu’afin d’arriver à une compréhension mutuelle, nous devons être prêts à parler. Je crois que mon offre de venir à Moscou, de vous rencontrer et d'y rester nous offre une grande possibilité dans ce sens. Cette affaire n’est positive pour personne, pas même pour la grande nation qu’est la Russie, et certainement pas pour les familles et amis des personnes détenues.

J'évalue le risque que je prends en venant en Russie. L'année dernière, j’ai pris part à une manifestation pacifique en tous points identique à celle réalisée par mes collègues. À l’époque, les gardes-côtes russes étaient présents lors de notre manifestation et ont refusé d'intervenir lorsque Gazprom le leur a demandé. Ils avaient compris que nos actions ne représentaient aucune menace pour la sécurité des personnes ou des biens. Mais un an plus tard, des militants qui ont fait exactement la même chose font maintenant face à une accusation de piraterie et à la perspective de plusieurs années de prison. En arrivant en Russie, je ne m’attends pas à partager leur sort, mais c'est un risque que je suis prêt à prendre pour arriver à ce que l’on comprenne nos positions mutuelles.

Je vous prie d’agréer, Monsieur Poutine, mes salutations cordiales.

Kumi Naidoo
Directeur général
Greenpeace International

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  • Blog destiné à fournir des informations actualisées en français sur le sort de l'équipage de l'Arctic Sunrise de Greenpeace, actuellement emprisonné en Russie, pour avoir manifesté pacifiquement contre le forage en Arctique et sur le changement climatique
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